MOMIFICATION ⑴
Bandelettage
Tombe de Tjai XIXe dynastie

Les anciens égyptiens pensaient que la mort entraînait la séparation des sept éléments fondamentaux (le corps, le ba, le ka, l'akh, le coeur, le nom et l'ombre) qui constituaient l'individu, il était donc indispensable de conserver le corps intact pour que le défunt puisse profiter de sa vie future auprès d'Osiris.

A l'époque prédynastique (entre 4000 et 3100 av. notre ère), les défunts étaient enterrés dans le sable. Grâce au climat sec les corps ainsi enterrés subissaient une momification naturelle mais la réussite de l'opération dépendait étroitement des conditions climatiques. Par la suite les égyptiens élaborèrent d'autres procédés pour sauver les corps de la décomposition. On a retrouvé dans les anciennes tombes un procédé à base de plâtre sur les défunts de la première dynastie comme par exemple le corps du roi Djeb. Mais c'est l'utilisation du natron qui va permettre à l'embaumement de progresser et la technique va encore évoluer durant l'Ancien Empire et sera vraiment bien maîtrisée qu'au début du Nouvel Empire. Par exemple la décérébration apparaît occasionnellement dès le Moyen Empire, et elle devient la règle au Nouvel Empire.

La momification fut d'abord un privilège royal. Seul pharaon pouvait devenir un Osiris puis petit à petit ce privilège s'étendit aux dignitaires et aux notables puis tous ceux qui pouvaient le payer (en nature ou en argent selon l'époque). Comme les dieux avaient l'habitude de se manifester au travers des animaux ces derniers étaient eux aussi momifiés. C'est ainsi qu'on a retrouvé une grande quantité de momies d'animaux d'autant plus que les chats et les ibis, étaient élevés et momifiés pour être vendus aux pèlerins qui les utilisaient en offrandes aux divinités. De même les taureaux Apis étaient embaumés à partir du Nouvel Empire et ensevelis dans d'immenses sarcophages de granit du Sérapéum de Memphis.


La cervelle est retirée par les narines

Dès qu'un dignitaire décédait, son corps était confié aux prêtres choachytes qui jouaient le rôle d'ordonnateurs des pompes funèbres, et qui étaient installés dans la nécropole. Le plus souvent, ils travaillaient sous une tente qu'ils déplaçaient en fonction des besoins de tombe en tombe. Parfois, ils disposaient d'installations permanentes.
La première opération consistait à laver le corps. Ensuite, armés d'une tige en bronze introduites par les narines, les embaumeurs brisaient l'os ethmoïde qui sépare la partie médiane et antérieure de la base du crâne et la partie supérieure des fosses nasales et extrayaient le cerveau. L'encéphale était réduit en bouillie puis s'écoulait par l'orifice pratiqué. Dans un deuxième temps, une solution aqueuse de natron était versée dans le crâne pour dissoudre les résidus, et le crâne était vidé.
Puis, ils coulaient de la résine de conifères complétées de cire d'abeille et des huiles végétales parfumées. Puis, les paraschistes (coupeurs) s'occupaient du flanc qu'ils incisaient du côté gauche. Ils ôtaient les viscères, sauf le cœur (siège de l'intelligence et des sentiments) et les reins (en général trop difficiles à atteindre). Après un lavage au vin de palmes et un traitement au natron (mélange de sels de chlorure et carbonate de sodium qui a des propriétés dessiccatives), les viscères étaient enveloppés dans du lin et déposés dans les quatre vases canopes.
Le corps était alors entièrement recouvert de cristaux de natron sec par les taricheutes (embaumeurs) et placé au soleil. Au bout de soixante dix jours, les chairs avaient subi déshydratation des tissus ainsi qu'une saponification des graisses, le cadavre était alors lavé et enduit de gomme de cèdre, de myrrhe et de divers onguents ainsi que de parfums afin de rendre aux chair une certaine souplesse. La cavité abdominale était remplie de lin et de sciure de bois et refermée. Pour consolider le cou on insérait un bâton dans la cage thoracique, le long de la colonne vertébrale, afin de fixer la tête au thorax.

Le bandelettage pouvait commencer. Pour habiller le défunt, les anciens égyptiens utilisaient des bandelettes taillées dans des tissus usagés et imprégnées de gomme arabique. Ce n'est qu'au début de l'époque ptolémaïque (332-30 av. J.-C.) que les embaumeurs commencèrent à employer des bandelettes fabriquées exclusivement à cet usage et que le bandelettage devint extrêmement sophistiqué; elles étaient enroulées de manière à former des dessins géométriques et certaines portaient des inscriptions rituelles.


Prélèvement des organes internes

Au cours de la momification, le prêtre lecteur récitait des prières tandis que ses assistants procédaient au bandelettage du corps et plaçaient entre les différentes couches de bandelettes Toutes sorte d'amulettes censées protéger le corps de la décomposition et assurer la régénération du défunt:
-L'œil " oudjat "(ou appelé l'œil d'Horus) qui symbolise la lumière et protège le défunt des ténèbres, du mal et du mauvais oeil.
-Nœud-tit (nœud d'Isis ou sang d'Isis) Symbole la vie, la stabilité et la dualité.
-Pilier djed: Symbole de durée et de stabilité.

Chaque doigt des mains et des pieds était enveloppé séparément, puis on passait aux quatre membres, à la tête et à l'abdomen. Les bras étaient placés le long du corps, ou ramenés en croix sur la poitrine ou l'abdomen. Lorsque le bandelettage était terminé, le prêtre embaumeur recouvrait les bandelettes de résine tiède et plaçait un masque sur le visage du défunt. Le cadavre était ensuite déposé dans un sarcophage puis rendu à la famille.

Le corps embaumé et habillé était déposé à l'intérieur d'un cercueil anthropomorphe, placé dans un second cercueil. Les dépouilles royales étaient protégées par trois cercueils et un sarcophage en pierre. A partir de la XXIIe dynastie, le cercueil intérieur fut remplacé par un cartonnage (tissu enduit de plâtre et de stuc). Cette enveloppe rigide était décorée de représentations de bijoux et de formules magiques. La partie figurant le visage, autrefois fabriquée à l'identique et portant un portrait idéalisé du défunt, fut remplacée à l'époque romaine par des portraits peints à l'encaustique. Une fois arrivé au tombeau, la momie, accompagnée de sa famille et des pleureuses, est soumise au rituel de l'ouverture de la bouche, permettant au défunt de retrouver ses sens et de rejoindre l'au-delà. On brûle de l'encens, de façon à le purifier et à lui redonner toutes ses capacités au défunt.

En 391, l'empereur Théodose interdit officiellement les rites païens; il mit ainsi un terme au rituel de momification.

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