BASSE EPOQUE

Le roi de Saïs avait constitué une puissante armée de mercenaires cariens et ioniens. Dans leur pays d'origine, les Assyriens se trouvèrent aux prises avec de graves difficultés ducs à leurs adversaires, l'Elam et Babylone. Psammétique Ier, prince saïte que l'on considère comme le fondateur de la XXVIe dynastie, en profita pour conquérir son indépendance. Il dirigea d'abord ses attaques contre les princes du Delta, avant de marcher sur Thèbes avec le soutien d'Héracléopolis. La Divine Adoratrice d'Amon, une princesse koushite, fut contrainte d'adopter la fille du roi de Saïs. En 656 av. notre ère, l'Egypte avait ainsi retrouvé son unité.
Les Saïtes protégèrent militairement les frontières du pays en construisant de nouvelles forteresses, dans lesquelles ils installèrent notamment des mercenaires étrangers, ainsi que des Juifs exilés. Nous pouvons mentionner Daphnae (Tell el-Defenneh) à l'est, la garnison d'Eléphantine au sud, et le fort de Maréa à l'ouest. Puis, s'y ajouta au plus tard sous Amasis la forteresse de Migdol au sud de Péluse, au Sinaï. Nékho II entreprit la construction d'une puissante flotte. Il décida également de percer à travers le Ouadi Toumilat un canal reliant le Nil à la mer Rouge. On lui attribue également la circumnavigation de l'Afrique, une allégation dont la véracité est cependant contestée.
Au sud, Psammétique II marcha sur la Nubie, au-delà d'éléphantine, accompagné de mercenaires cariens et grecs. Son objectif était de juguler l'influence de Napata. Par la suite, on s'employa systématiquement à effacer d'égypte toute trace des souverains koushites.
De plus en plus harcelé par la nouvelle grande puissance mède, le royaume assyrien obtint alors le soutien des troupes égyptiennes. Sous Nékho II, celles-ci pénétrèrent même en Palestine. Ayant battu le roi Josias de Juda à Mégiddo, elles s'avancèrent jusqu'à Karkémish et Harran. Les villes phéniciennes furent obligées de payer tribut. Après plusieurs combats victorieux, l'armée égyptienne fut décimée en 605 av. notre ère près de Karkémish et Hamath. Les Babyloniens entrèrent en Palestine, qui échappa à nouveau au contrôle de l'Egypte.
L'Egypte développa alors ses relations avec le bassin méditerranéen. File conclut des traités avec Crésus de Lydie et Polycrate de Samos. De précieuses offrandes furent déposées à Delphes et à Cyrène. Chypre tomba en partie sous la coupe de l'égypte. Le roi Apriès envoya des troupes au secours du prince libyen de Cyrène, en lutte contre les Grecs établis dans la cité. En déroute, son armée se mutina et offrit immédiatement la couronne royale au général Amasis, envoyé en médiateur. Celui-ci remporta la bataille suivante, qui se déroula aux portes de Memphis et au cours de laquelle Apriès tomba. Son adversaire lui fit néanmoins des obsèques officielles à saïs. Amasis, qui épousa une Grecque (le Cyrène, passe pour avoir été hellénophile et ivrogne. C'est à lui qu'incomba la tâche d'intégrer les troupes étrangères en égypte. Il concéda aux Grecs (parmi lesquels les Chypriotes) un comptoir commercial à Naucratis, dans le Delta occidental, et établit à Memphis une garnison de mercenaires grecs et cariens pour protéger la ville.
Amasis est le véritable fondateur de la renaissance saïte. Une fois encore, on collecta les textes anciens, on copia les reliefs des tombeaux d'autrefois, et l'on renoua avec le culte des rois disparus. Les divinités protectrices et les dieux des étendards royaux, ainsi que les nomes religieux, furent systématisés. Le démotique, un dérivé fortement abrégé du hiératique qui provient de Basse-égypte, devint l'écriture de chancellerie. Le culte royal fut soumis à de nouvelles règles, raison pour laquelle Amasis passait encore plusieurs siècles plus tard pour un législateur idéal.
Son oeuvre de bâtisseur fut importante. Il agrandit luxueusement le temple de Neith à saïs, ainsi que la nécropole familiale. De nouveaux temples furent construits dans les oasis de Bahariya et de Sioua pour les garnisons locales. On doit également à Amasis la fondation du temple d'Isis sur l'île de Philae.

La première domination perse (XXVIIe dynastie).

En 525, les Mèdes attaquèrent l'égypte avec le concours d'une flotte phénicienne et chypriote et écrasèrent l'armée égyptienne près de Péluse à la suite de la trahison de mercenaires grecs. Après une nouvelle tentative de soulèvement, le pharaon fut exécuté. Oudjahorresné, le commandant de la flotte égyptienne, prêtre de la déesse Neith de Saïs, passa dans le camp des Perses, et joua auprès d'eux le rôle de conseiller. L'égypte devint une satrapie de l'Empire perse.
Le grand roi Cambyse occupa Memphis et ordonna l'exécution de nombreux Egyptiens. D'autres furent déportés vers la Perse. Ces premières mesures furent à l'origine de la cruelle réputation de Cambyse. Pourtant, fidèle à la politique de compromis de son prédécesseur, Cyrus II, Cambyse s'efforça de se faire reconnaître par les Egyptiens. Darius Ie` suivit son exemple et fit rédiger un nouveau corpus de lois. Ahoura-Mazdâ, le dieu solaire ailé des Perses, fut assimilé au dieu solaire des égyptiens.
Le temple d'Horus, à Edfou, se vit accorder d'importants dons de terres. Le grand roi s'attacha particulièrement au contrôle militaire des oasis, où plusieurs temples furent édifiés. La construction du canal traversant le Ouadi Toumilat fut achevée, mais cette entreprise s'avéra être un échec. Au cours de la première domination perse, Memphis vit se développer son rôle de comptoir international. Avec le démotique, l'araméen devint la deuxième langue écrite.
Des voyageurs grecs tel Hérodote visitèrent l'égypte et en consignèrent les curiosités et les rites religieux, si singuliers pour l'esprit grec. Hérodote rapporte également que les Egyptiens considéraient les Grecs comme des êtres impurs. A Eléphantine, une âpre lutte éclata entre les communautés judéo-araméennes et le clergé du dieu-bélier Khnoum. Cette querelle avait été provoquée notamment par le rituel juif du sacrifice de l'agneau pascal.
Les dernières dynasties indigènes (401-332 av. J.-C.)
Les indigènes se soulevèrent à plusieurs reprises contre la domination perse. Mais ces insurrections, attisées et soutenues par les Grecs, ennemis des Perses, échouèrent. C'est ainsi que le prince libyen Inaros se révolta contre les Perses et demanda à Athènes de mettre une flotte militaire à sa disposition. L'aventure athénienne en Egypte s'acheva par l'écrasement complet des soldats grecs et par l'exécution d'Inaros. Un autre Libyen, Amyrtée, fut plus heureux. Son règne est désigné sous le nom de XXVIIIe dynastie (404-399 av. J.-C.). Parti du Delta occidental, il commença par tenir tête aux Perses, et fut reconnu roi dans toute l'égypte en 402 av. J.-C.
Il fut renversé à son tour par le fondateur de la XXIX` dynastie, Néphéritès I" (399-393 av. J.-C.), originaire de Mendès, dans le Delta, qui accorda une aide céréalière à Sparte, en lutte contre les Perses. Sans doute ce roi fut-il également inhumé à Mendès. Son successeur, Achoris (392-380 av. J.-C.), conclut des alliances contre les Perses avec Athènes et Evagoras de Chypre. Les premières monnaies égyptiennes furent frappées pour payer l'armée de mercenaires, commandée par l'Athénien Chabrias. En 385 av. J.-C., il repoussa une attaque des Perses.
Des troubles internes vinrent mettre fin à cette dynastie. Le général Nectanébo, dont la famille était originaire de Sébennytos, dans le Delta, destitua Néphéritès II (380 av. J.-C.) et fonda une nouvelle dynastie, la XXX`. Nectanébo I" parvint à repousser l'armée perse qui était entrée dans le Delta en 373 av. J.-C. Le soulèvement des satrapes d'Asie Mineure contre le grand roi perse lui fut, en l'occurrence, d'un précieux secours. Dans sa résistance contre les Perses, Nectanébo II (360-342 av. J.-C.) s'appuya sur une armée de mercenaires conduite par Agésilas de Sparte. Mais les Perses finirent par occuper le Delta en 343-342 av. J.-C. Ce fut le début de la seconde domination perse, qui n'allait s'achever qu'avec la campagne d'Alexandre le Grand.

CHRONOLOGIE.

NOM DU PHARAON DATES  FAITS MARQUANTS
XXVIe dynastie
Néchao Ier 672-664  
Psammétique Ier 664-610  
Néchao II 610-595  
Psammétique II 595-589  
Apriès 589-570  
Amasis 570-526  
Psammétique III 526-525  
XXVIIe dynastie
Cambyse II 525 - 522  
Darius Ier 521 - 486  
Xerxès Ier 486 - 466  
Artaxerxès Ier 465 - 424  
Darius II 424 - 404  
XXVIIIe dynastie
Amyrtée 404 - 399  
XXIXe dynastie
Néphéritès Ier 399-393  
Psamméthis 393  
Achoris (Khénemmarê) 393 - 382  
Néphéritès II 380  
XXXe dynastie
Nectanebo Ier (Kheperkarê) 380-362  
Teos 365-360  
Nectanebo II 360-343  
     

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