ARÈS ⑴

Arès (Vase François)

Arès (Gr. Αρης ; Lat. Mars) est le dieu de la Guerre et des guerriers dans la mythologie grecque; il est le seul fils légitime de Zeus et de Héra. Il fait partie des douze Olympiens. Les animaux qui lui étaient consacrés étaient le chien et le vautour.
Il est le dieu guerrier par excellence et il est normal le voir représenté revêtu de son armure d'airain, la tête couverte du casque étincelant, à la crinière ondoyante, il brandit une lance ou un glaive, et son bras est protégé par un bouclier. Habituellement, il combat à pied, brisant les chars, renversant les murailles; mais on le voit aussi monté sur un char attelé de deux ou quatre chevaux magnifiques. Au physique, les épithètes qui lui sont appliquées indiquent une grande vigueur et une rapidité impétueuse qui animent une stature colossale et quand il s'étend sur le sol son corps couvre une surface de sept plèthres. Il s'élance au combat emporté par une véritable folie belliqueuse, les yeux égarés, poussant une clameur énorme, avide de sang et de carnage, insatiable dans sa fureur, indifférent d'ailleurs à la justice et ne reconnaissant aucune loi sauf celle de la guerre. Arès est souvent désigné sous le mot d'Enyalos. Déjà dans l'Iliade ce nom est employé soit comme une épithète, soit même comme un équivalent d’Arès.

Le char de Mars tiré par des loups,
1673 © Palais de Versailles

Autour de lui, la croyance populaire voyait tout un cortège de divinités allégoriques : Enyo (déesse de la Guerre), Eris (la Discorde), Deimos (la Crainte) et Phobos (l'Epouvante), et les Kères (divinités du meurtre et de la mort violente).
Il habitait généralement en Thrace, pays rude aux populations guerrières.
Il remplissait l'Olympe du bruit de ses querelles incessantes, ennemi en particulier d'Héraclès et d'Athéna; La déesse aux yeux pers était sans doute son ennemi la plus acharnée, elle le traitait de "mouche à chien" et n'hésitait à lutter contre lui. Il se rendait détestable aux yeux de tous les Immortels (Iliade v. 889-909); Zeus et Héra eux-mêmes le déclarent sans ambages dans l'Iliade.   Héra, sa mère, n'est pas tendre " Zeus Père, n'es-tu pas outré des sévices d'Arès ? Combien de braves Achéens n'a-t-il pas fait périr " ce à quoi Zeus reprend en s'adressant à son fils : "Je te déteste plus qu'aucun des dieux qui vivent sur l'Olympe, car tu ne rêves que discordes, guerres et combats".

Chez les romains, il fut identifié à Mars, fils de Junon et de Jupiter. Une tradition curieuse, rapportée par Ovide (Fastes v. 255 sqq), veut que Junon ait engendré Mars sans le concours de Jupiter, mais grâce à une fleur magique aux vertus fécondantes, que lui avait procurée Flore.

Les légendes où Arès apparait sont peu fréquentes et aussi bien dans ses combats que ses amours il n'est pas toujours à son avantage.

❖ Légendes

Les combats d'Arès

Arès contre Athéna par J.L. David
© Musée du Louvre

Arès est sans doute un guerrier redoutable mais sa fougue et son impétuosité mal contrôlée ne le mettent pas à l'abri de blessures ou de défaites.

Pendant la guerre de Troie, Arès combattit du côté des Troyens, alors qu'il avait promis à sa mère et à Athéna de seconder les Grecs; mais il joua un rôle peu glorieux. Assisté d'Athéna, Diomède le blessa sérieusement, ce dont le dieu se plaignit à Zeus. Plus tard, il essaya de nouveau de se joindre à la bataille, malgré l'interdiction de Zeus, mais Athéna l'en empêcha en l'insultant.
Au cours de la dispute, Arès attaqua la déesse et lança son javelot vers sa direction mais Athéna réussit à détourner le jet avec son bouclier magique recouvert de l'Egide; Athéna ne fut pas blessée, mais, au contraire, elle étourdit Arès d'un coup de pierre. Comme Aphrodite tentait de le mettre à l'abri, Athéna assomma cette dernière d'un coup de poing et alla elle aussi se plaindre à Zeus
Ce ne fut pas la seule fois qu'Arès fut vaincu.
Lorsqu'Héraclès, sur le chemin de Delphes, au bord du golfe de Pagases, fut défié par Cycnos, le fils d'Arès, le dieu lui-même se mêla au combat. Mais le héros, assisté d'Athéna, tua le brigand Cycnos et blessa Arès à la cuisse ou bien Zeus sépara d'un coup de foudre les deux combattants.
Dans une autre circonstance, devant Pylos, Héraclès blessa Arès à la cuisse et le dépouilla même de ses armes.

Arès enchaîné.

Zeus séparant Arès et Athéna
c. 540-510 © British Museum

Parfois il semble même un peu stupide; un jour, il fut enchaîné et enfermé dans un pot de bronze pendant treize mois par les géants Otos et Ephialtès, les Aloades (fils de Poséidon), qui avaient décidé de déclarer la guerre aux dieux et d'escalader le ciel en mettant les montagnes les unes sur les autres.
D'après une autre légende, le prétexte de cette séquestration serait le meurtre d'Adonis, l'amant d'Aphrodite, tué à la chasse par Arès, jaloux de son rival.
Arès aurait péri si Hermès n'avait pas été informé de son infortune par Eriboea, la nourrice des géants, prise de compassion pour ce dieu déchu.
Une fois délivré, Arès s'enfuit à Naxos pour cacher sa honte.

Mission accomplie.
Une autre fois il réussit la mission que lui avait confiée Zeus en libérant Thanatos retenu par Sisyphe, roi de Corinthe qui ne voulait pas mourir.

Meurtre d'Hallirhothios.

Pour avoir violenté sa fille Alcippé qu'il avait eu d'Aglauros, fille de Cécrops, il tua de sa main Hallirhothios, le fils de Poséidon. Pour ce meurtre il fut jugé par les dieux réunis en assemblée à proximité de l'Acropole. Lors du jugement les voix se partagèrent de façon équitable et c'est le vote de Zeus (ou d'Athéna) qui fit pencher la balance en sa faveur. Il fut acquitté mais dut se soumettre à une longue servitude pendant une "grande année" (sept ans). La tradition veut qu'Arès ait donné à cette colline le nom d'Aréopage en souvenir de ce jugement et il y aurait institué un tribunal destiné à juger les meurtres.
Toutefois Eschyle donne une version différente: d'après lui ce seraient les Amazones qui auraient établi sur cette colline un sanctuaire à leur protecteur et père à la fois et lui auraient donné le nom d'Aréopage (la colline d'Arès).

Les Amazones.

Arès est le dieu tutélaire des Amazones; il avait confié à leur reine, Hyppolité, sa ceinture symbole de pouvoir. Héraclès vint la chercher plus tard lors de son IX ième travail. Arès participa à leurs guerres et les conduisit dans leurs campagnes contre les Phrygiens, les Lyciens, les Athéniens et les autres royaumes anatoliens. En retour elles fondèrent de nombreux temples en son honneur.

❖ Sources

Bibliothèque virtuelle
http://www.nccri.ie