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Au début du XIlIe siècle, Snorri Sturluson écrivit un livret sur les dieux nordiques, fournissant des explications détaillées sur les anciens mythes. Il y rappelait les sagas de l'ère des Vikings (vers 750–1050), lorsqu'une puissante tradition se forma autour des exploits héroïques d'Odin, de Thor et de Freyr. Encore épargnés par le christianisme, les aventureux Normands – Danois, Norvégiens et Suédois – prirent la mer à la recherche de trésors et de terres. Les guerriers vikings s'organisaient généralement en petits groupes ou en équipages et ne se regroupaient que temporairement pour des opérations militaires et commerciales ou des actes de piraterie. Ils pouvaient servir un grand chef pendant un temps, puis s'en séparer – même si, à l'occasion, ils formèrent d'imposantes armées ou flottes pour attaquer la France en 842 ou l'Angleterre en 866. Leurs excellents bateaux et leurs grandes qualités de marins leur permirent de dominer les mers et de voyager loin.
C'étaient les Irlandais qui se plaignaient le plus des attaques vikings. « La mer vomit des marées d'étrangers sur l'Irlande », lit-on dans les Annales d'Ulster, « si bien que l'on ne trouve plus un port, plus une plage, plus une forteresse, plus un fort, plus un château, tout est englouti sous des vagues de Normands et de pirates. » En 836, les Vikings avaient en effet installé une base permanente pour leurs raids sur le site de l'actuelle Dublin.

Les guerriers vikings adoraient écouter les exploits d'Odin le borgne. Le chef des dieux nordiques exerçait une fascination très particulière en tant que « père des morts ». Il se partageait ceux qui tombaient au combat avec Freyja, la déesse de la fertilité. Il inspira aussi les effroyables Berserker, combattants qui mordaient les boucliers et se jetaient dans la bataille nus et sans crainte aucune. Lorsque le roi danois Harald Hiltetand se plaignit de l'inconstance d'Odin au combat, de la façon dont il donnait la chance pour la reprendre aussitôt, le dieu de la guerre déclara : «le loup gris observe les palais des dieux ». En effet, conscient de l'imminence du Ragnarôk, Odin n'avait qu'une idée en tête : réunir à Valhalla les guerriers héroïques morts au combat, les Einherjar. Il aurait désespérément besoin de ces guerriers lors de la bataille finale qui opposerait les dieux et les géants sur le champ Vigrid, tout en sachant qu'ils y périraient presque tous. Odin lui-même serait tué par Fenrir, le loup monstrueux né de Loki, dieu du feu, et de la géante de la glace Angerboda. Il n'est pas certain que cette réponse ait satisfait Harald Hiltetand car Odin, qui conduisait le vieux roi, le jeta hors de son char et l'acheva d'un coup d'épée.

« L'âge de la hache, l'âge de l'épée », péiode précédant le Ragnarok, devait ressembler pour les guerriers vikings à une descripion de leur propre époque. Mais ceux qui s'étaient installés en tant que colons, comme fermiers ou commerçants, vénéraient un autre dieu : Thor, le fils d'Odin. Les sagas le représentent comme une personne honnête et franche, bien qu'« allergique » aux géants de  la glace. Il était très populaire chez les colons islandais, qui avaient fui le sud de la Norvège pour éviter les comportements dignes d'Odin de certains chefs tel Erik le Rouge. Des milliers de colons révélèrent leur allégeance par le choix de leur nom de famille, les plus courants étant Thorsten ou Thorolf. La présence de Thor les rassurait au moment des crises à la fois divines et humaines — lors d'affrontements entre les géants de la glace et les dieux, entre des tyrans locaux et des fermiers ou entre des missionnaires chrétiens trop zélés et des païens. Le dieu n'abandonnait jamais son marteau, Mjôllnir, un instrument magique aux pouvoirs de destruction, de fertilité et de résurrection. Ainsi, à la fin de l'ère viking, environ un siècle avant la christianisation de la Scandinavie, le culte de Thor était devenu plus important que celui d'Odin.

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